En Féerie, une force s’est levée. Un vent qui fait plier les piliers du Royaume et murmurer les Saules ; qui parle, d’une voix de feu et de foudre, de résistance et de révolution, de nouvelles voies, de nouvelles pertes.
Sont-ils fous, ceux qui appellent, alors que tout semble perdu, au dernier défi, au dernier combat ? Ne seront-ils vus, dans le miroir brisé de l’histoire des Cours, que comme ceux qui auront semé les graines viciées du tumulte et de la guerre, et mené le Peuple à sa fin ?
La lame a quitté le fourreau. L’Obscur a endossé la Nuit. La Dame Blanche a commencé, de son pas d’hiver, à ébranler le monde.
Dans les Cours, les Monarques s’agitent. Dans les fourneaux coruscants d’Isenne, les Artisans embrasent le verre. En Dorcha, la Princesse Refusante a déplié l’étendard aux Neuf Lunes.
Au pied de l’Arbre des Épreuves, le destin des Aions déchus se révèle dans le sang.
Et Angharad fait face à l’ombre titanesque de la Dúbailte, et au miroir brisé de son propre passé.
De nouveaux mondes s’élèvent, d’antiques codes se brisent, à l’aube d’un choix entre l’espoir impossible de Seuil, et la fin des chants. Un choix qui, au-delà de l’avenir du Royaume, engage celui de tous les anciens dieux.
Et tandis que la Glace et la Nuit défont irrémédiablement la forme des Dix-Neuf Cours, le monde tremble.
Y aura-t-il, au bout de la route vers Tairseach, seulement un printemps ?
Léa Silhol décompose et recompose l’histoire du monde depuis vingt ans. Transmeare (‘La Trame’) s’étend à ce jour sur dix-sept volumes (romans et recueils) et une constellation de nouvelles, au travers de toutes les couleurs de l’Imaginaire, de la fantasy au cyberpunk.
Albedo, suite immédiate de Nigredo, poursuit l’aventure de la Conquête de Seuil, et continue à jointer les pans de ‘la Trame’, des Cours Féeriques aux Nordiques, des Parques aux Nornes, d’Isenne à Frontier.
Il est des chants dont on ne veut sortir, des visions auxquelles on ne saurait s’arracher sans y laisser un bout d’âme, comme ces lambeaux de peau qu’il faut laisser en sacrifice à la morsure de la glace.
Voilà pourquoi Albedo — l’œuvre — reste depuis des mois, ici, en cours de lecture (de relecture, et de re-relecture, ad lib.), tandis que le livre, incarné, dispute à mes chattes, nuit après nuit, une place tout contre mon oreiller.
Par quel angle aborder cette alchimie, ce coup de foudre de lectrice ?
La merveille d’explorer un univers fascinant, et qui se dévoile toujours plus complexe à chaque roman. Découvrir, dans les terres de Vertigen, de nouvelles cours féeriques, qui s’incrustent dans le regard avec une force élémentale, qu’elles inspirent la révolte ou l’adhésion farouche.
Rencontrer des personnages d’une présence à couper le souffle, et en accompagner d’autres, déjà aimé.e.s, sur les voies de l’accomplissement comme à travers les épreuves et le poids des responsabilités assumées. Saluer la splendide puissance, la férocité et l’intégrité des Corbeaux de Bataille.
Et… bon sang, voir Isenne. S’émerveiller de l’histoire d’amour qui relie un être à une cité. Je mourrai, c’est un fait, sans avoir vu Venise, mais j’aurai senti vivre et vibrer et se battre Isenne, sa frangine jaillie de la passion et de la vision d’une écrivaine, cette magnifique hybride conjuguant la magie d’un héritage féerique et les aspirations politiques de nos luttes humaines. Isenne, cité d’Artisans aux talents exceptionnels, de familles où l’on se voue à un art et à son pouvoir comme à un sacerdoce. Isenne, dont la résilience, l’art de vivre, l’esprit furent un coup de foudre pour Angharad, et certainement une étape cruciale vers le rapprochement des immortels et de l’humanité.
La plume et l’esprit de Léa Silhol sont redoutables, et filent comme des flèches sans épargner ni le lecteur, ni ses magnifiques personnages. Cela fait des années que je guette, de parution en parution, les avancées et l’avènement de l’un des enjeux majeurs des œuvres liées à Vertigen : la courtise de Seuil, cette cour rétive qui fait le lien entre les temps anciens et le retour des fays en notre époque contemporaine, fruit d’une quête immense et que l’on croirait impossible, si elle n’était portée par le formidable duo que forment Angharad et Finstern.
Mais à la lecture d’Albedo, à portée de pages de cet enjeu tant attendu, à portée de pas, toujours plus, du passage vers Seuil, voilà que je me suis laissée hypnotiser à chaque étape, à chaque rencontre, au point que tourner les pages tient tant de la pulsion irrésistible (en mode page-turner) que de l’arrachement et du crève-cœur.
Brava à l’auteure pour ce geis littéraire !
Le fil d’Ariane :
- La page du livre sur le site de l’éditeur, Nitchevo
- Le site de Léa Silhol
- Une chronique de cet opus sur le blog Les histoires de Lullaby (qui a également chroniqué l’opus un, Nigredo)
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