Il Était une Fée
15 Contes entre Clair et Obscur
Anthologie thématique
Auteurs : Collectif ; dirigé par Léa Silhol
Éditeur : éditions de l’Oxymore
Collection : Emblèmythiques
Année : octobre 2000
Illustrations : couverture de Sandrine Gestin, illustrations intérieures de Sophie Guilbert
Quatrième de couverture :
Vous avez été bercés de leurs contes et croyez tout connaître d’elles ? Détrompez-vous.
Les fées ne sont pas ce que vous croyez. Leurs cadeaux sont des pièges, et leurs faveurs des prisons. Elles vivent dans un monde entre Ombre et Lumière, qui ne partage ni ne comprend nos valeurs. Pour apercevoir le reflet poignant de cette magie, nous ne pouvons qu’avancer jusqu’à la frontière, cette zone de crépuscule où la rencontre interdite entre nos univers se fait. Et ramener avec nous la brûlure précieuse d’un rire cruel ou de la douceur d’une main. Ici nous nous tiendrons, l’espace de quelques histoires ; histoires où les tours sont scellées et les nefs stellaires, où des guerres se livrent ou des amours se nouent. Et où les fées dévoilent, derrière le masque de leurs mains, des visages anciens et nouveaux ; des visages du passé ou du présent, beaux et terribles, et que nul mortel amoureux de leur peuple ne pourra oublier.
Il était une fée sur une couverture, mordorure d’ambre sur bois sombre, le geste et le regard comme une énigme, une invite, un défi. Il était quinze fois, quinze récits pétris dans la matière ancienne du conte ou du foklore, autant de rencontres uniques avec un merveilleux revisité et revivifié sous la plume d’auteurs contemporains. En message d’accueil, une préface de Léa Silhol entre battement de cœur et réflexion d’esprit curieux, à emporter avec soi tandis que l’on passe le seuil…
Pour faire entrer le lecteur en Féerie, pas de meilleure voie que la perte de repères, le bouleversement. Il attendait des fées, il trouvera une tour, hautement symbolique, dans le superbe conte de Storm Constantine, « Comment la Lumière descendit sur la Tour ». On y dit, dans ce conte, qu’au coeur dense de la forêt est une tour haute, en cette tour une belle dame enfermée pour une raison ignorée ou depuis longtemps oubliée. Certains viennent la chercher, viennent quérir ses lumières ; elle veut rester dans l’ombre, refuse le contact, croit posséder, enserrée dans ces murs, l’autonomie par rapport au monde. Saphariel, ange du sagittaire, ne veut pas de l’autre face à elle, ne veut pas du reflet, ne veut pas voir ni être vue. Et nie pourtant être aveugle. Saphariel croit savoir ce qu’elle est : elle, sans artifice. Jusqu’au jour où la réalité miroitante se présente au pied de sa tour… Une puissante (et très inspirante) entrée en matière que ce récit symbolique, qui emprunte quelques lumières au mysticisme angélique, quelques voiles à l’imaginaire féerique, quelques reflets aux souvenirs de Rapunzel ou de la Dame de Shalott – pour évoquer la force d’inertie que l’on oppose à nos impulsions vers la clarté, tout ce qui nous empêche d’afficher notre identité en pleine lumière. À l’ombre des murs de cette tour, on éprouve pleinement la suspension du temps, de la vie, la lenteur minérale du processus de guérison intérieure, de ce cheminement immobile vers l’acceptation de soi et l’affirmation face à l’autre. Et le regard du monde là-dessus, tout prêt à tisser des légendes sur les voiles dressés entre lui et soi…
Un premier pas, une merveille. Maintenant qu’il est posé que nous ne sommes pas en terres familières, la lumière abandonne ses brûlures et éblouissements de symbole pour se faire, dans « Tu es Pierre… », la promesse insouciante des prochaines vacances d’été sur la peau d’un galopin au cœur assez grand pour y cacher l’existence du vieux nuton qu’il va retrouver dans la forêt. À l’approche de son anniversaire, le garçon se verra offrir par le Petit Peuple un cadeau que l’on dirait inoubliable… Petit interlude plus bucolique, beaucoup moins marquant pour moi, cette nouvelle d’Eric Boissau offre à un conteur légendaire un hommage joliment inspiré, sentant l’enfance, la magie des étés de vacances, et les contes de France.
Avec la « Brise d’été » de Nancy Kress, on pénètre dans l’éternité de la saison figée, et dans une belle, riche réécriture féminine du récit de la Belle au Bois Dormant : et si la demoiselle, pendant tout ce temps, elle seule, n’avait pas dormi, prenant soin jour après jour des habitants immobiles ? Et si elle avait, seule, la Belle du conte, avancé en âge en guettant de loin plusieurs générations de princes, vieillissant, mûrissant ? Quel sens donner à l’épreuve du conte, si elle ne vise le baiser, la récompense d’un héros aventureux ? J’aime la réponse, magnifique, comme j’ai aimé suivre les évolutions de l’héroïne en son monde immuable.
Après ce beau passage ralenti à travers les âges de la vie, la nouvelle de Nicolas Cluzeau survient comme un souffle de fraîcheur légère, tirant de la jeunesse qu’elle met en scène une vivacité piquante, une séduisante irrévérence – sans oublier, bien sûr, cette assurance de jeune fille savante laquelle, combinée à son embarrassante inexpérience, vaudra à Deirdre de vivre sa première (més)aventure chez les fées, ces créatures dangereusement énigmatiques qui aiment entrelacer à leurs sortilèges le choix d’innocentes vierges… C’est un vrai plaisir que de voir l’héroïne de Cluzeau mettre son charme spirituel et son irrésistible caractère à l’épreuve des enchantements féeriques.
On remonte encore le temps de la vie humaine, pour une rapide incursion dans le foyer familial d’une petite fille qui croit apercevoir quelques bouts de fées : ces créatures telles que l’héroïne les devine sont sans doute de délicates petites choses, mais leur existence nous entraîne en zone d’ombre, dans ces recoins de cruauté que perçoivent si bien les jeunes enfants – par la force de l’imagination, par la puissance de l’instinct ? au lecteur de trancher, s’il peut réprimer son frisson de malaise… car l’on effleure ici l’univers brutal du conte, l’image trouble qu’il renvoie d’une réalité non moins prédatrice pour la jeunesse. Sous la plume d’Anne Duguël, l’idée même de tendresse a quelque chose d’alarmant !
Le regard intérieur bascule ensuite de la fille à la mère, avec l’émouvante reprise de l’histoire de la Petite Sirène dans la nouvelle de Melissa Lee Shaw, « La Sorcière de la Mer », balayant d’une vague les stéréotypes à la Disney. Où l’on découvre, cœur serré, que l’amour et le sacrifice de la sirène prennent leur racine dans quelque chose d’encore plus profond. Très poignante, et subtilement cruelle, la première apparition de ces thèmes dans l’anthologie !…
L’émotion se prolonge en teintes douces-amères, un peu moins fortes peut-être à mon goût, dans le conte de Pierre-Alexandre Sicart, « Le Crabe et la Fée », où un gamin rêveur prend l’apparition d’une discrète fée comme clé de compréhension d’un monde qui l’isole, d’une maladie qui menace de l’emporter.
Avec « Comme une Rose Rouge », Susan Wade nous ramène au cœur de la forêt, là où la chaumière d’une sorcière sert de jardin secret à un couple mère-fille réfugié loin de la société humaine – jusqu’au jour où le regard enflammé d’un jeune homme s’introduit dans ce petit monde clos sur un bonheur quotidien. Son arrivée va bousculer un ordre entre nature et surnaturel, et précipiter la belle Blanche hors du jardin maternel, hors de l’innocence… Encore un bel ouvrage que cette histoire, brodant sur les motifs connus du conte une précieuse image de fleur nouvelle.
De la sorcière à la fée, et toujours aussi loin que possible de l’homme et de ses lois… Michelle West fait entendre la voix superbe, cette fois, d’une noble de féerie chargée d’élever une enfant loin des rites de la chrétienté devenue trop puissante ; elle nous dit, pour une fois, le regard des immortels sur l’humanité, sa fragilité, les forces auxquels elle est soumise et qui l’altèrent à chaque instant – et son plus grand pouvoir, susceptible de changer jusqu’au cœur des fées. L’occasion pour le lecteur de quitter sa peau d’humain pour éprouver la sensation d’un temps qui ne passe pas, à travers ce récit dont la majesté même ne saurait dissimuler la pointe émergente d’un certain sentiment…
Les fées demeurent, mais le décor change de surprenante façon dans la nouvelle de Lionel Belmon, « Hexane », qui nous entraîne sur un vaisseau-spatial d’essence très spéciale pour nous offrir, esquisse sidérale, le récit endeuillé d’un mythe fondateur qui abriterait aussi entre ses racines le terreau de nos rêves humains. Au point que l’on serait tenté d’y croire, à cette majestueuse vision…
Je passerai plus rapidement sur le « Conte pour une Fée » de Pierre-Luc Lafrance, où la voix et la vision des fées se font plus triviaux, pour raconter les péripéties un peu burlesques d’un humain surnommé Cochon. À part quelques sourires arrachés par les égratignures faites au schéma classique du conte et une chute amusante, il n’y a pas grand-chose pour moi dans ce passage au ton léger.
De plus en plus, nous sortons de la forêt sur les pas des créatures féeriques. Avec le « Doux Chasseur » de Pati Nagle, nous sommes en bonne et digne compagnie, même si la traque d’honneur qui amène cet elfe en territoire urbain nous conduit en des coins plutôt mal famés. En plus d’une exploration dans les territoires que j’aime tant de la fantasy urbaine, l’histoire possède comme une force empathique, attentive aux pensées d’un être issu d’une société où la vie se respecte jusque dans les pousses des arbres, contraint pourtant à un acte de violence nécessaire, au sein d’un environnement artificiel dont la laideur même lui fait violence. Aussi loin de chez lui, jusqu’à quel point ses rituels de chasseur le protégeront-ils de l’horreur, et de ses séductions ?
« Choses Mortelles » d’Esther Friesner semble répondre en contrepoint à la « Loi des Hommes » de Michelle West. La mère est humaine, cette fois, et bien vieille, à l’âge où l’on souhaite remédier à ses erreurs de jeunesse avant qu’il ne soit trop tard. L’humanité ridée et la féerie inchangée, intriguée, se regardent dans les yeux des années après s’être passionnément enlacées, et tentent de démêler les nœuds d’une énigme où il est question d’un enfant perdu, des violences de l’amour-propre, et de la puissance en face de l’amour. Je ne suis pas près d’oublier le dénouement, les derniers mots de cette nouvelle terriblement belle, où s’entrelacent suspense, sens et sensibilité pour tisser une histoire qui prend à la gorge.
La charge émotionnelle ne se relâche pas pour autant. Dans « Passer la Rivière Sans Toi », où une princesse de sang féerique rejoint la ville pour retrouver sa mère humaine restée de notre côté il y a bien longtemps, il est encore une fois question d’amour maternel, de sacrifice, d’amour filial en retour. Parce que les portes du Domaine des Fey se fermeront bientôt à jamais, marquant une rupture définitive avec l’humanité, tout dans la nouvelle, merveille et douleur, n’est est que plus vif, à vif, brillant ou brûlant. L’enchantement est d’une beauté terrible quand s’y mêle une sensation de fin imminente et le pressentiment d’un choix impossible… J’ai beau, soit dit en passant, m’être détournée depuis des publications de Fabrice Colin, passablement écoeurée par ses activités de ligueur et autres interventions peu ragoûtantes, reste qu’à une époque, ses œuvres avaient su me toucher (et que les relire maintenant ajoute une dimension étrange, un arrière-goût de ‘est-ce que c’était vrai’…) – bref.
Avec « La Guerre de l’Oubli », intégrée à un cycle plus vaste de nouvelles toutes consacrées à divers épisodes de cette lutte féerique, Claude Mamier offre à l’anthologie un finale redoutable, tout en fureur guerrière et amères nuances de regret. Plutôt que de laisser la rupture s’accomplir et leur peuple se consumer dans l’oubli, les fées choisissent une manière bien radicale de se rappeler au souvenir des hommes. Le lecteur, lui non plus, n’oubliera pas de sitôt les visions de cette guerre, et de ce qu’elle fit de la féerie.
Le peuple de féerie comme le petit monde vivant dans les profondeurs du conte doivent beaucoup (n’en déplaise à certains éditeurs/auteurs de ‘dicos’ à la très courte mémoire) au travail de découverte et d’exploration passionnée, militante aussi, conduit et impulsé il y a quelques années par les éditions de l’Oxymore, notamment en la personne de Léa Silhol – à la fois auteure, éditrice, anthologiste, et tout entière à chaque fois. Car pareille anthologie, ça vous altère le regard comme un don octroyé de seconde vue : parce que le vernis de naïveté du conte, l’illusion trop fréquente d’une féerie mignonne ont été, le temps de quelques récits merveilleux, ôtés sous vos yeux de lecteur – ôtés de vos yeux ? –, toujours et partout désormais vous irez voir à travers les apparences inoffensives, uniformément roses ou grises – à travers, et au-delà : la magie, la Féerie, once and for all times.
Le Fil d’Ariane
- La fiche de présentation de l’anthologie sur le site Tisseuse.org
- Une chronique sur le site Fées Divers
- Pour les lecteurs intéressés par un aperçu des textes : Pati Nagle a mis en ligne la nouvelle « Kind Hunter », version originale de « Doux Chasseur ».
Cartographie
Avant-propos de Léa Silhol, « Il était une Fée : l’intention et le geste »
Storm Constantine « Comment la Lumière Descendit sur la Tour » – Eric Boissau « Tu es Pierre… » – Nancy Kress « Brise d’Eté » – Nicolas Cluzeau « Erreur de Jeunesse » – Anne Duguël « Comment j’ai découvert que mes Parents étaient des Ogres » – Melissa Lee Shaw « La Sorcière de la Mer » – Pierre-Alexandre « Le Crabe et la Fée » – Susan Wade « Comme une Rose Rouge » – Michelle West « La Loi de l’Homme » – Lionel Belmon « Hexane » – Pierre-Luc Lafrance « Conte pour une Fée » – Pati Nagle « Doux Chasseur » – Esther Friesner « Choses Mortelles » – Fabrice Colin « Passer la Rivière sans Toi » – Claude Mamier « La Guerre de l’Oubli »
Ooh… Superbe chronique. C’est un enchantement :))
(et c’est un peu sournois, les Vertigineux comprendront, parce que cela donne furieusement envie de replonger dans ce nid de fées, et de tirer le fil oxymorien encore et encore, alors que j’ai plein de lectures en retard ;) )
(Bon, j’adore ce genre de sournoiseries, il est vrai, j’avoue que j’en redemande ^^)
Tu crois que cette belle chronique pourrait être mise en relation avec la section « Gris » de Tisseuse.org – celle je crois où sont les choses éditoriales de LS ?
Dans mon souvenir, c’est Storm Constantine qui m’avait le plus marquée – mais ça date. Tu vois, il faut que je le relise :D
(Oups, en me relisant je constate que là je dévié beaucoup le sujet initial à partir de ce § ! Sorry, je me suis emballée)
…Et j’ai précisément la même impression bizarre à propos de Colin. J’avais Winterheim sur ma wishlist pendant un moment, j’ai renoncé. Pourtant il y avait des écrits que j’avais bien aimés. Il sait écrire, c’est certain ; comme quoi talent et morale n’ont strictement aucun rapport.
Et comme quoi aussi, ce qui explique peut-être ce malaise persistant, à le lire *maintenant*, n’est-il pas si simple de séparer au scalpel la vision d’une oeuvre et la vision d’un auteur, dans l’esprit du lecteur (nous).
Je suppose qu’il y a, toutes proportions gardées (dans l’autre sens que celui communément admis !) le même genre de controverse pour des auteurs comme Céline, ou Lovecraft. Ecrivant des choses belles et fortes en tant qu’écrivains, et parfaitement indéfendables en tant que personnes.
Peut-on envisager de dichotomiser complètement ça ?
Et, si je crois partager ton sentiment, le malaise ne vient-il pas du fait que, à lire un traître, nous nous sentirions traîtres aussi ? Complices de traîtrise lectorale ?
(Je ne sais pas comment le formuler de façon moins emphatique, mais en gros c’est l’idée)
Et puis, à l’intérieur même de l’oeuvre produite par un talent-sans-morale, il y a autre chose, qui questionne aussi. Comment peut-on faire vivre des personnages moraux si soi-même on ne l’est pas un peu, quand même, moral ?
Se doit-on d’être aussi exemplaire que ses personnages -en admettant qu’il y en ait, mais je n’ai pas souvenir de n’avoir croisé qu’une brochette de parfaits connards dans le personnagestiaire du sieur Colin- ou bien peut-on en toute bonne foi écrire ce qu’on n’applique pas, dans un espèce de mouvement de « faites ce que j’écris, pas ce que je fais » ?
Là (je bavarde je bavarde), il y a un exemple complètement prosaïque qui me revient : Ridley Scott et ses voisins.
Ridley Scott est un type qui fait des super films. Tout le monde n’aime pas, bien sûr, mais moi j’ai adoré. La multitude des genres, l’efficacité, les combats – même Gladiator, si décrié et vu comme si outrancier, est une véritable madeleine pour moi !. Kingdom of Heaven, de son côté, a un souffle politique, humain, une possibilité de refuser la violence, je ne développe pas, bref un film qui porte des messages forts, construits, hypermoraux. L’homme qui se rebelle contre le système, et qui gagne moralement (s’il ne gagne pas toujours physiquement). Je n’ai pas encore vu son Robin des bois mais on peut deviner derrière, l’ombre du même archétype.
Donc.
Donc Ridley Scott avec ses films de gars qui se rebellent contre le système, se trouve dans lavielavraie posséder une belle propriété en Provence, ou par là, et faire la misère à ses voisins (sous formes juridiques, et depuis des années) parce que leur potager dérange la vue depuis sa maison de maître ! Bonjour la contradiction, pour résumer. Et du coup, bonjour la crédibilité du ‘message du cinéaste’…
Voilà. J’avoue que j’ai résisté à la tentation de placer des anglicismes un peu partout, juste par provocation, of course ;P
Merci de ce magnifique article, inspirant et efficace ! :)
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:-)
Je réponds à ton beau commentaire en détail dès que, là l’orage fait un peu trop mumuse avec ma connexion (ya décidément pas moyen, trois fois que ça saute rien que le temps de taper – et retaper – ce message) (pas que je lui en veuille, hein, il a aussi réussi à recouvrir sous sa musique de tonnerre et de pluie les premiers accents de la Marseillaise, béni soit-il ^^)
J’reviens bien vite, après la danse de la pluie, avec un plateau de thé et de cookies ^_^
Kisses & thunder !
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Hey ho, me revoilà avec le soleil ^_^
Bon alors, question doulce sournoiserie, à vot’ service, et si tu veux te venger surtout n’hésite pas, hein :D
(il me semble me souvenir *cough* que tu manies fort bien toi-même la tentation ^-^)
Ouaip, la nouvelle de Storm Constantine est très marquante ! C’est celle-là justement qui m’a donné envie de rouvrir l’antho, et de profiter du plaisir d’en discutailler par ici. Mais je me retrouve prise à mes propres pièges tentateurs, parce que du coup j’ai envie d’aller farfouiller dans quelques autres anthos à la recherche de ses textes (très envie de raviver le souvenir d’un texte dans Cités perdues, si je ne m’abuse, qui avait une sacrée ambiance insulaire !)
Et comme une morphale, je me suis replongée par la même occasion dans un des recueils de la dame, et je me régale :-)
Et oui, séparer la vision d’une oeuvre et celle d’un auteur n’est pas forcément simple, ni même (pour moi) souhaitable. Si je ne perçois pas de continuité de l’une à l’autre, quelque chose casse aussi, je crois, dans le rapport que j’ai à l’oeuvre. (Je ne m’étends pas à nouveau sur l’impression de dichotomie évoquée plus bas, c’est tout à fait ça. Plus, yes, la loyauté…)
Quant à Céline, que tu cites au passage… la première fois qu’on m’a collé quelques-uns de ses bouquins entre les pattes – je devais être en troisième, je crois, oui, c’était un cadeau pour le Brevet des collèges, ahem –, ça a été aussi la première fois que j’avais une réaction de rejet aussi violente d’un livre, ça m’avait marquée. Je me rappelle en particulier un pamphlet, Entretiens avec le professeur Y, que j’avais été immédiatement enfouir au fond du grenier, la nausée à le lire avait été telle que je n’en voulais même pas dans ma chambre, jamais vécu ça comme ça avant. Chais pas si les choses se seraient passées différemment si on m’avait fait commencer par Voyage au bout de la nuit ?…
Et pour enchaîner sur Ridley Scott… ouaip, j’ai marché à fond dans les films que tu évoques, et dans le fort décrié Robin des Bois pour les mêmes raisons que toi, précisément. Emportée par quelque chose comme une adhésion élémentaire, immédiate, au message porté très efficacement, yep. Et je ne connaissais l’anecdote juridique franchement pas glop, mais ça a bien l’air de coincer, effectivement :S
Zou, je file *enfin* me caler au fond du lit avec un bon bouquin (enfin, le temps de choisir lequel : Rio ? Thoreau ? Charrière ? Wilde ? les Clockwork Phoenix de Mike Allen ? Mmmm :P)
Une belle soirée à toi :-)
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Bonjour,
Je n’ai pas pour habitude d’intervenir sur les blogs d’autrui pour jouer les redresseurs de tort, notamment parce que je révère par-dessus tout la liberté d’expression, la liberté de critiquer – et que je n’ai pas vocation à convaincre tout le monde. Mais tout de même, il me semble que vous y allez un peu fort en évoquant mes activités annexes.
La Ligue à laquelle vous faites allusion était une réaction ponctuelle, certes potache, certes épidermique, stérile peut-être, à la création d’une autre Ligue, celle de l’Imaginaire, dont je continue à penser qu’elle est une initiative vaine et prétentieuse. Nous étions trois dans cette aventure, plus une poignée d’intervenants externes. Certains posts visaient plus ou moins directement des personnes qui vous étaient chères, pour des raisons que nous estimons, nous, valides, et je ne vois pas très bien en quoi cela est peu ragoûtant (mais je suis disposé à entendre les explications). J’ai toujours été ouvert à la confrontation et au débat, ici comme ailleurs ; que je sache, les commentaires du site de la Ligue Deu n’ont jamais été fermés et je m’étonne que vos réactions ne surgissent que maintenant.
Quant à la morale évoquée par Petitefa, je serais heureux, par curiosité, de savoir de quoi il retourne. Je défends depuis des années une certaine conception de la littérature et de l’exigence critique. Je me fais quelques ennemis en passant. Je ne m’en glorifie nullement, mais c’est la vie, et je veux croire que certains désaccords peuvent s’avérer féconds. Je ne pense pas posséder une vision manichéenne des choses. Oui, on peut trouver que je suis prétentieux, oui, on peut être en profond désaccord, tout ceci ne me froisse en rien, mais quel rapport avec la morale ?
Pour ma part, je n’ai pas l’impression d’avoir changé en dix ans.
Si une chose s’est modifiée, c’est le rapport au temps et à la franchise.
Au passage, merci pour votre jolie critique qui me ramène des années en arrière. Je lirai le reste de votre blog avec curiosité.
Cordialement,
F/.
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Bonjour,
Il me semble, à moi, que vous y êtes allé fort dans ces activités (qui tiennent plus, effectivement, pour ce que j’en ai vu, de l’enfonceur que du redresseur de torts). Les raisons de ma réaction écoeurée me semblent assez évidentes, mais puisqu’il faut les pointer : j’y ai trouvé (outre la réponse à la Ligue de l’Imaginaire) un certain nombre d’attaques tirant parfois désagréablement sur le personnel, contre des personnes que j’apprécie ou respecte (mais je précise que même vis-à-vis d’auteurs qui ne m’intéressent pas, je n’apprécie guère le procédé employé) ; le détournement caricatural, au moins à une reprise, de message posté sur un espace privé et qui ne concernait nullement l’ensemble du milieu littéraire ; une attitude consistant à s’emparer pour les tourner en ridicule de références dont une bonne partie resteront je pense obscures pour la majorité des visiteurs, lesquels vont ainsi se contenter de rire de la performance sans réfléchir un instant au fond de l’éventuel problème (mais est-ce seulement le but ?) Bref, une démarche que je ne trouve pas très franche du collier sous ses dehors pourfendeurs, et qui à mon sens ne peut aboutir à rien de bien (à moins de considérer comme un bien le soulagement défoulatoire éphémère des auteurs de ces messages, ce qui n’est pas mon problème), mais peut blesser – ou aliéner, donc, quelques lecteurs rebutés par le ton et le procédé. Vous me direz, je n’ai qu’à aller voir ailleurs ; c’est ce que j’ai fait, y compris dans le choix de mes lectures, mais il est vraiment dur, quand on s’intéresse un tant soit peu aux publications estampillées sfff françaises, de faire deux pas sans tomber sur des ‘potacheries’ de ce genre, et c’est franchement lourd, très lourd. (Pas pour rien, d’ailleurs, que je pioche de plus en plus mes lectures dans les publications des chouettes small presses anglo-saxonnes. On respire mieux, là-bas.)
Vous parlez de réaction épidermique à la Ligue de l’Imaginaire ; ma réaction, personnellement, tient d’un ras-le-bol complet de cette ambiance tellement répandue dans le milieu sf français, où, sous prétexte de défendre la littérature la vraie la pure la nôtre, et au mépris de toute règle de respect ou, à défaut, de courtoisie élémentaire, on ragote et attaque à tout bout de champ, on crache, on ricane, en visant de préférence certaines cibles autorisées (en vrac : Werber, Bragelonne, Aubenque et cie – Silhol également, donc, au passage, puisque tout finit dans le même panier où l’exigence critique est tellement développée que des petits malins peuvent se permettre de répéter *sans en avoir lu une ligne* que ‘LS c’est mal écrit et prétentieux, ben oui, c’est bien connu’, aha). Vos activités annexes, comme vous dites, certaines de vos interventions nourrissent ce truc, et participent ainsi de mon dégoût, voilà tout.
Quelles que soient les exigences littéraires officiellement défendues, la littérature n’en sort pas grandie, ni, à mes yeux, les gens qui participent à tout cela.
Quant à savoir pourquoi je n’ai pas réagi à l’époque sur le site même :
Au moment où j’ai entendu parler de cette Ligue, son activité s’était déjà bien ralentie, aucune envie, déjà, de remettre un jeton dans la machine.
D’autant que descendre dans l’arène pour la distraction des quelques mangeurs de chips désoeuvrés qui à mon sens constituent l’essentiel du public de ce genre d’initiatives « potaches », merci bien, très peu pour moi. Vous parlez d’ouverture au débat, permettez-moi de trouver cela un peu trop facile : rien dans l’ambiance du site ne donne l’impression que lancer la réflexion soit l’objet véritable de la démarche, ni que l’une des personnes attaquées, ou quelqu’un qui se sentirait indirectement concerné par ces attaques, puisse espérer un cadre de discussion courtois – en supposant même que la réaction commune face à ce type d’agressions soit le débat plutôt que la colère ou l’écoeurement, ahem.
Vous lisez ma réaction aujourd’hui seulement (et exprimée indirectement, elle ne fait pas, loin de là, l’objet principal de ce post) parce que la relecture de l’antho m’a ramenée à cet étrange sentiment de dichotomie entre le plaisir jadis éprouvé à lire des nouvelles comme celle-là, et la répugnance que m’inspirent certains procédés, certaines prises de position publiques. Cela s’est reflété dans ma chronique, comme il me semblait juste.
Je laisse à Petitefa le soin de vous répondre, si elle le désire – mais je la suis dans ce qu’elle exprime, même si je parlerais plus précisément de courtoisie et de respect humain, de justice ou de vérité, de loyauté, etc. Si les brocards et autres interventions potaches vous semblent une manière acceptable (et efficace ? sérieusement ?) de défendre votre conception de la littérature et de l’exigence critique, c’est un point de vue que je ne partage tout simplement pas. Et de mon point de vue de lectrice, il y a une sorte de dichotomie : entre l’enchantement littéraire que j’avais cru percevoir dans votre œuvre il y a quelques années, et le désenchantement du monde (littéraire, et aussi, naïvement ?, humain) auquel vous avez, pour moi, contribué via des choses comme cette Ligue. Si vous n’avez pas cette impression, peut-être est-ce moi qui me plantais dès le début dans ma lecture de vos textes, tant pis.
Très honnêtement, vous ne devriez pas vous donner cette peine. On y est très ‘fan énamouré’, dans l’esprit, par ici.
Hélène P.
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Merci pour votre réponse, qui a le mérite de la franchise. Je ne vais pas épiloguer 107 ans : je ne pense pas que la majorité de vos lecteurs soient passionnés par cette affaire. Je me dois néanmoins, si vous le permettez, d’apporter quelques précisions / correctifs à vos propos. Il est exact que, de simple réaction à la création de la Ligue de l’Imaginaire, le blog a dérivé vers des « piques » plus ciblées, dont le but premier n’était évidemment pas de faire réfléchir (il y a d’autres lieux pour ça). Comme je vous l’ai dit, plusieurs intervenants possédaient les clés du site. Je les ai laissé agir à leur guise. Libre à chacun d’avancer masqué. Quelques posts étaient sanglants, en effet. Certaines personnes, auxquelles nous ne pensions pas, s’y sont reconnues (pour tout dire, j’ai trouvé cela moins révélateur qu’amusant). D’autres lecteurs, qui se déclaraient écœurés, ont compté jusqu’à la fin parmi nos plus fidèles visiteurs. La Ligue deu se voulait pavé dans la mare, avec tout ce que cela comporte de mauvaise foi assumée. Je le précise : je n’étais pas toujours d’accord avec tout ce qui était écrit. Mais l’idée était de laisser faire. Je n’essaie pas de me/nous dédouaner. Sur le fond, je ne regrette pas ; la forme de l’entreprise, son développement nous ont très certainement quelque peu échappé. Un fait demeure cependant : « certaines » attitudes et postures de « certains » acteurs du milieu nous paraissaient pouvoir faire l’objet de railleries. Je sais combien il devient difficile de faire rire (ou du moins d’essayer – mais je vous assure que si nous n’avions pas été copieusement et majoritairement encouragés dans la démarche, nous ne nous serions pas donné la peine de continuer) sans déclencher les ires et les foudres des gardiens du temple, quelque soit la divinité révérée ; je ne vous compte pas nécessairement dans le nombre : vous paraissez prendre l’affaire à un niveau plus personnel, par amour ou respect pour certaines personnes incriminées. C’est là, sans doute, que le bât blesse : les dégâts collatéraux, à tort ou à raison, ont peut-être été sous-estimés. Mais enfin, tout le monde possède mon mail, dans le milieu. J’ai répondu aux quelques rares messages personnels reçus ; si qui que ce soit m’avait demandé d’ôter un post pour de bonnes raisons, ou de m’expliquer sur son contenu, je l’aurais fait. Ceux qui me connaissent bien savent que les seules haines (encore le mot est-il un peu fort ; il faut croire que je vieillis) que je peux éprouver sont dirigées contre la complaisance et la médiocrité. Je m’efforce de balayer devant ma porte. Ce n’est pas toujours facile ni très réussi. Au moins, j’essaie.
Pour le reste, il serait tout de même préférable de ne pas tout mélanger. A titre personnel, je n’ai jamais lu un livre d’Alexis Aubenque, et je me suis bien gardé d’en dire du mal : je ne parle pas de ce que je ne connais pas, et vous devriez aller jeter un œil à certaines critiques d’actusf ou du cafard cosmique si vous voulez vraiment savoir ce qu’est un article méchant. Léa Silhol ? Hum, je l’ai publiée en poche, chez Points fantasy. Bragelonne ? J’ai écrit l’un des premiers romans publiés par cet éditeur, il y a tout juste dix ans. Bernard Werber ? Oui, je trouve que ses livres, pour la plupart, sont mauvais, et que son discours est délétère. Mes critiques à son endroit ne provoqueront pas une érosion marquée de ses ventes, ni ne changeront sa façon de faire. Écrire, je suis bien placé pour le savoir, c’est reconnaître à la critique le droit de s’exprimer. Pour le reste (diffamation, etc.) il existe des lois. Pour ma part, lorsque j’ai un problème personnel avec quelqu’un, je lui écris personnellement.
Quand vous déclarez qu’il est difficile de faire deux pas sans tomber sur des potacheries comparables, je m’y perds un peu : je pensais que nous étions les seuls méchants de l’histoire. Si c’est le côté agressif de certains forums qui vous rebute, je ne peux que vous emboîter le pas : c’est un peu lassant à la longue. Mais ce n’est pas moi qui ai « fait » ce milieu. On peut, j’en suis persuadé, continuer à lire de la bonne SF et de la bonne fantasy française sans perdre son temps les sites dédiés : c’est ce que font, il me semble, 95% des lecteurs.
Hum. Ce message est un peu longuet. Que dire pour finir ? Ma conception de la littérature et de l’exigence critique, pour finir, je la défends sur mon blog, ou sur des sites dédiés. Mais en toute franchise, je suis catastrophé d’avoir contribué à désenchanter votre monde, fût-ce sur le seul plan littéraire. Si vous me consentez à me communiquer votre adresse mail, nous tâcherons de remédier à ce problème.
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Bonsoir,
Loin de moi l’intention d’intervenir dans vos haines ou leur déclin, ou les opérations de balayage qui peuvent se faire sur votre palier. Cela vous regarde. Mais quand tout ça se déverse en public, il y a des lecteurs, de cette engeance un poil idéaliste espérant de la part des intervenants pro du milieu littéraire une attitude clean, qui n’apprécient pas, tout simplement. On peut défendre la littérature qu’on aime, interpeller, confronter, polémiquer, tout en restant fairplay – me semble-t-il. Peut-être, oui, aurais-je pu ou dû vous contacter en privé (quoique je ne sois pas « tout le monde dans le milieu », et ignore tout, de fait, idiote que je suis, de la façon dont vous gérez votre correspondance.) Lorsque ce genre de situations se passe sous mes yeux, en ma présence, ou implique des personnes avec qui je suis en contact régulier, j’interviens, yes ; j’avoue que l’idée de débarouler après la bataille sur votre boite mail en parfaite inconnue ne m’est par contre pas venue à l’esprit. Je ne sais pas comment s’est gérée l’affaire en privé, si les personnes visées ont choisi de réagir, ou pas ; et je ne doute pas, par ailleurs, que vous ayez été abondamment encouragés, voire poussés à la surenchère (il suffit de voir l’enthousiasme suscité par le cirque des razzies pour comprendre que ces procédés sont populaires dans le milieu.)
Très franchement, votre étonnement face à ma réaction écoeurée m’étonne. Vous deviez bien vous douter, lorsque vous avez publiquement lancé cette Ligue, que tout le monde ne goûterait pas ce type d’humour – non ? Tout comme j’imagine, pour poursuivre le parallèle avec les razzies qui me paraissent relever du même esprit bêtement potache, que l’équipe de Bifrost est consciente qu’elle risque de perdre quelques lecteurs (dont la ci-devant idéaliste) à ce genre de petits jeux, même si elle s’assure par ailleurs son succès auprès des ricaneu–ahem, des rieurs. Ou bien en serait-on au point où il est admis que le lecteur sera sans doute trop stupide pour réaliser que l’on agresse des artistes dont il suit le travail, ou – pire encore – pour ne pas y accorder d’importance ? (je ne parle pas ici, bien sûr, de ceux qui approuvent le procédé, et reconnaissent complétement la validité des railleries)
Il se trouve que, oui, j’éprouve une certaine loyauté personnelle (une loyauté certaine, même) vis-à-vis des auteurs, des artistes, des éditeurs même, dont les œuvres m’ont touchée, ont rejoint mon paysage littéraire. Non seulement je ne mords pas la main qui me nourrit sur un plan intellectuel ou artistique (nourriture ô combien essentielle), mais elle a mon soutien, autant qu’il est en mon pouvoir. Mais il m’arrive – et je n’aime pas ça, jamais – de le retirer, non sans déception, face à des attitudes qui me répugnent ou me paraissent injustement/inutilement nuisibles. C’est comme ça que je fonctionne, dans les deux sens : je rogne avec plaisir sur mon budget, par exemple, pour apporter l’humble appui de mon porte-monnaie aux auteurs et éditeurs qui prennent des risques pour poser sur la table des libraires une littérature vivante et non-formatée comme j’aime, mais si je constate qu’un éditeur lèse ou maltraite ses auteurs, qu’un auteur ou tout autre acteur du milieu balance des attaques assez laides à l’encontre de personnes que je respecte, ou que sais-je encore, ma foi, je me sens concernée. Et je me détourne vers d’autres publications, par soutien ou loyauté, et par refus d’une certaine laideur. Encore une fois, je ne pense pas être la seule, parmi une frange de lecteurs un brin impliqués, à agir de cette façon. Cela entre dans mes choix de lecture, et cela m’évite, au passage, quand je me plonge dans tel ou tel ouvrage sur ma pile, de traîner en arrière-pensée certaines bassesses du milieu sfff, en me disant que ‘ah mais ouiiii, lui, c’est celui qui a dit ceci ou fait cela :-S’
Après, il ne me semble pas avoir déclaré que vous étiez « les seuls méchants de l’histoire ». Votre nom à vous a surgi au fil de ma relecture de l’antho, mais si j’avais voulu me lancer dans une analyse de ce qui me gêne ou m’énerve dans le milieu (ce qui, encore une fois, n’a rien à voir avec l’objet du post, et qui à mon avis n’intéressera personne ici), il y aurait de quoi faire. Je sais le ton des critiques d’actusf et du cafard cosmique, je ne suis plus, par conséquent, lectrice régulière de ces sites depuis belle lurette. Et oui, je trouve particulièrement pénible l’agressivité tellement répandue sur leurs fora. Je sais pertinemment que vous n’avez pas « fait » le milieu, j’imagine même qu’il doit par moments vous peser, comme à pas mal d’autres artistes sans doute. Reste qu’avec des activités comme la Ligue Deu, vous êtes en plein à mes yeux dans ce ton entre potacherie et agressivité auquel j’essaye de ne pas me frotter (si tant est qu’il soit possible d’y échapper). Il s’agit, comme je disais dans ma première réponse, d’une réaction de ras-le-bol général ; vos interventions s’inscrivent dans un truc plus vaste, que je n’aime pas, dont je ne veux pas, autant que possible, dans ma sphère. J’ai cité au passage quelques noms, en rapport non avec *vos* interventions (pardon si ma phrase prêtait à une impression d’amalgame) mais avec ce qui se voit un peu partout dans les cercles sfff, des exemples de cibles tellement récurrentes qu’elles me semblent, de mon point de vue extérieur, faire les frais d’un acharnement collectif, sans commune mesure avec une quelconque défense fairplay de la littérature qu’aiment les uns et les autres ; certaines des attaques de la Ligue Deu viennent alimenter à mon sens cet acharnement, et partant s’inscrivent dans ce tout qui me répugne, pour un ensemble de raisons : il y a, donc, la loyauté envers les artistes que j’apprécie ; envers ceux qui ne m’intéressent pas (la dernière fois qu’on m’a offert du Werber, le livre m’est tombé des mains), il y a le désir de voir les échanges et confrontations se faire avec courtoisie ou fairplay (cela n’exclut pas l’esprit ou l’humour, que je sache, mais l’agressivité inutile, la bassesse des attaques personnelles, etc) ; et l’envie, aussi, personnellement, de pouvoir explorer, m’impliquer et défendre les œuvres que j’aime sans atterrir constamment en plein mileu de ces (ti)railleries. Et puisque vous parliez de dégâts collatéraux : j’aimerais bien, pour vous donner un exemple, avoir le loisir de sortir de mon sac, en présence de familiers du milieu sfff, ce bouquin que vous avez, donc, publié en poche, La Sève et le Givre, sans de suite passer comme cela m’est arrivé pour la victime décérébrée d’une, je cite de mémoire, entreprise de starification (vous n’étiez pas étranger à cette vilaine rumeur, à l’époque, si je ne m’abuse ?) – et ce, hors de l’espace virtuel des fameux sites en question, donc.
Un dernier point pour en revenir à la Ligue, avant d’achever cette réponse affreusement longue : la situation, vous dites, a un peu dérapé, dérivé par rapport à ce que vous aviez initialement à l’esprit, sans que tout soit de votre fait, chacun postant à sa guise. Mais vous avez laissé faire, et c’est cela que je vois et retiens. En ce qui me concerne, le jour où mon nom se trouve associé à une entreprise dont je n’approuve pas les dérapages, je m’en désolidarise, et à grand bruit encore (surtout si, parmi les cibles des dérapages, se trouvent une ou des personnes avec lesquelles je suis / ai été en relations, pro ou autres O_o – un auteur qui aurait été publié par mes soins, par exemple, comme vous venez de le rappeler). Bref, précisions bien reçues, merci, mais elles n’altèrent en rien mon point de vue de l’affaire.
Mon mail est ouvert aux visiteurs du coin (via le formulaire de contact, sur la page ‘Fenêtre sur chambre’), si vous souhaitez me contacter en privé. Très sincèrement, je doute vraiment que cela nous mène où que ce soit.
Hélène
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Merveilleuse chronique pour un merveilleux livre… que j’ai lu il y a bien longtemps. C’est « La sorcière de la mer » qui a marqué le plus profondément mes souvenirs. Merci en tout cas de faire remonter tout ça à la surface !
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Bonsoir Naolou,
Ravie de pouvoir partager avec toi la remontée de souvenir à la surface, et la replongée dans les profondeurs de cette chouette antho ! :-)
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(Flûte, Hélène, je n’avais pas vu ta réponse-du-début ! Mais je plussoie vaillamment, comme tu sais ^^)
@ Fabrice :
Bonsoir,
je ne sais pas si vous allez repasser dans le coin, et je m’excuse pour mon retard de réponse de plusieurs jours, mais bon, je réponds tout de même.
En fait, comme vous avez vu Hélène a été exhaustive, en gros je pourrais copier-coller une bonne partie de ses réponses, dans lesquelles je me retrouve. Mais, au risque d’étirer démesurément mon propos, je fais la mienne.
Mais, oui, il y a votre question sur la morale, et autre chose. Je commence par les ‘autre chose’. Pardon si c’est un peu longuet (mais je suis fan de Léa Silhol, alors bien sûr).
C’était surprenant de lire votre réaction directe ici, mais après tout, et bien, pourquoi pas, peut-être que de la communication directe a manqué.
(Je ne vais parler que pour moi, même si je m’enflamme et que je dis ‘nous’, je n’engage pas d’autres ami-e-s plus ou moins proches et partageant mes addictions livresques, comme ça c’est plus simple).
A moi, donc, ça ne m’avait pas manqué, mais du coup votre retour m’a fait me demander pourquoi je n’ai pas fait ça.
Pourquoi je n’ai pas eu l’ombre de l’idée de vous écrire ma colère, mon écoeurement, éventuellement, bref toutes les choses de cette palette.
Et ben, bonne question.
Alors depuis deux-trois jours ça tourne, et…
Et bien, pour la même raison qui fait que je n’entre pas dans un bar de supporters avinés pour leur expliquer « hé ho les gars, je suis venue vous dire que vous êtes des gros benêts et que votre philosophie du foot, là, elle est méga rance, etc ».
Que je ne vais pas fricoter avec des gens politisés dans des partis infréquentables pour claironner dans la même veine « non mais ça va pas d’être racistes / homophobes / pousse-au-crime et incitant à la haine ? Vais vous expliquer, moi, comment vous pourriez vous comporter comme de vrais gentlemen, z’allez voir c’est tout facile »… Je pourrais multiplier les exemples.
Et je ne fais pas ça. Je rouspète, râle, gueule vaillamment contre tout un tas de choses de lavielavraie, vous pouvez me croire – et c’est crevant parfois.
Mais là, s’agissant du cynisme@microcosme.parisien, de la méchanceté gratuite, de l’aigreur à longueur de posts de forums dont nous/vous parlions, des petites et grandes saloperies balancées en webpâture, des ex-potes ou supposés tels qui tirent sur des ambulances et crachent sur le reste (avec quelques postillons bien sentis retombant élégamment sur nos tronches de fans si pitoyablement premier degré), ben là, en fait, je n’ai pas eu et je n’ai toujours pas envie.
Parce que c’était/ce serait comme entrer dans un bar de gros beaufs assis sur leurs certitudes, leur intolérance, leurs haines recuites.
Je ne sais pas si ça se passe réellement comme ça dans ce merveilleux petit cercle que nous ressentons si fielleux. Mais je peux vous assurer que depuis le dehors, et depuis en bas, c’est l’impression que ça donne. Nettement.
Et ça ne donne pas envie d’aller vous écrire, (le « vous » est plus général que juste vous-Fabrice, hein, vous aurez saisi) de venir batailler, et défendre avec le cœur et les griffes des livres et des auteurs dont on sait par avance qu’ils ont enclenché autant de claques illuminées chez nous que de ricanements avertis chez vous.
Je ne voulais clairement pas perdre de temps à ferrailler chez les trolls, d’une, et de deux, plus que de juste me piquer au vif, de me vexer, toutes ces attaques et ces lâchages m’ont *blessée*. Fait de la peine, vraiment.
Pas tant pour moi (en fait il se trouve que je me mange une subséquente dose d’agressivité dans la tronche dans ma vie professionnelle, donc vraiment ça c’est rien, sérieusement).
Mais pour des gens qui essaient, qui sont debout (et parfois vent debout contre le système), et qui en prennent plein la poire face aux ricaneurs assis. Pour ne pas avoir été comme eux. Pour ne pas avoir joué le jeu des relations, du réseau, pour ne pas avoir suivi les codes de la production ‘littéraire’ de masse, que sais-je encore.
Il y a bien des combats à mener, vous le savez, et tout le temps. Hélène s’est fait pousser d’ailleurs une belle endurance, dans le genre. Et on ne peut pas être partout. Et, surtout (et plus honnête comme raison), on n’a peut-être pas eu *envie* d’aller se manger toutes ces mesquineries, d’aller demander des comptes pour trahison de rêve en marche, d’aller fighter pour le plaisir de flooder un coup. Vraiment pas.
Pour le dire plus vite : on était dégoûtées, ok ; on n’a vraiment pas eu que ça à foutre, et notre peine et nos déceptions on se les est gardées au chaud, enfin au frais, pour plus tard. Pour aujourd’hui peut-être. Pour nous, en tout cas.
(Ah. Je fais des envolées lyriques, je cale des flocons partout avec des mots d’anglais, eh bien eh bien. Mais c’est parce que je suis fan de Léa Silhol. C’est pour ça)
Quand je vous lis et que je vois ‘potache’, et que je découvre ici même votre ton si poli, si prudent, se voulant si nuancé, que je lis l’expression ‘redresseur de torts’ et que vous y allez sur la pointe des pieds, et bien j’ai un peu de mal à y croire. (On serait IRL, je vous aurais même proposé d’aller boire un café histoire de vérifier si votre ramage est aussi angélique que votre plumage, bref si c’est bien crédible tout ça, l’étonnement et tout. Peut-être que oui, maybe yes comme on dit in some places (ah voilà je suis lancée, c’est malin), j’en sais rien). Parce que le ton n’était pas aussi lisse et mesuré, à une époque pas si lointaine, et j’en viens donc à la morale.
« Quel rapport dans tout ça avec la morale ? »
me questionnez-vous ingénument.
Et bien il est peut-être précisément là, le problème. C’est que vous ne voyez *pas* le rapport ‘de tout ça’ avec la morale. Même pas un petit peu.
(Pour la prétention, it is a grosse méprise, vous vous la servez tout seul, je n’ai pas critiqué ça. La prétention réelle ou non chez des artistes ne m’a jamais posé souci ni empêché de les lire, et je sais pertinemment que sans un minimum d’ego pour basculer dans ce truc fou de créer, de produire, et d’en plus le montrer à autrui, il en faut, de l’ego, un minimum. Donc c’est pas ça, pas de souci avec les auteurs prétentieux. Et je vous rappelle que je suis fan de Léa Silhol ;) )
((pétard ce n’était pas le sujet de base, pardon Hélène, mais franchement ce que ça me fait plaisir d’écrire ça bien lourdement ! :P))
Donc.
Vous ne voyez pas le rapport entre votre boulot, votre réseau professionnel / social / amical peut-être, et une quelconque morale, ou on pourrait dire éthique, ou déontologie. Ou… loyauté, oui, Hélène m’a doublé.
Ouimaismoi, je le vois fort bien, le rapport à la morale. Je l’ai en plein dans le viseur, la morale. Vous ne voyez pas le problème qui m’est posé, depuis quelques temps, mais même pas à acheter vos livres, mais ne serait-ce qu’à vous lire ! C’était ça le sujet de mon premier commentaire, il est bien là mon problème moral : où va ma loyauté ? Où est ma cohérence ? Jusqu’où va mon engagement (je pèse mes mots, je peux vous l’assurer) envers une œuvre et une auteure ?
La morale dans tout ça, vous ne la percevez pas parce que (apparemment) vous semblez n’avoir aucun problème éthique à vous moquer publiquement de vos (anciens) collègues et compagnons de fortune ou d’infortune, à les enfoncer au lieu de les soutenir, à les lâcher, quoi, et à perpétuer ce truc veule de casser les gens, de tout broyer par le cynisme et l’aigreur arbitraire – et là on vous en veut parce qu’on en veut toujours davantage à ceux en qui on a pu croire, avant, à un moment, et grâce à leurs bouquins — puisqu’on a décidément du mal, c’est net, à cliver écrivain et œuvre. On a peut-être tort mais on en était là de notre fan-storming, en fait.
Parce que pour vous (et c’est peut-être sincère, en plus), vous avez faits les potaches, et basta. Ah oui mais non.
Je crois, moi (et grâce à votre intervention c’est bien plus clair), que c’est ma boussole, la-morale-dans-tout-ça.
Ce qu’il y a c’est qu’engagée, ben je le suis, oui, jusqu’au cou, et de mon plein gré. Je me retiens sagement mais j’ai une foule de métaphores qui surgissent -et qui m’accompagnent, et me portent, chaque putain de jour dans ce monde absurde jusqu’à la couenne-, et qui me disent que Dorcha ne prend que ce qui s’est déjà donné. Et voilà. Je suis en plein là-dedans. Et j’en redemande.
Ce qu’il y a, c’est que la loyauté, ce n’est pas un vain mot pour moi (je crois pouvoir dire pour nous, là, de fait). Qu’attaquer, bêtement, absurdement, gratuitement, sadiquement et à l’envi, une ou des personnes qui nous ont apporté plus que ce que je pourrai jamais écrire ici, non seulement c’est nul, c’est injuste, c’est immoral, mais en plus ça m’attaque par le flanc, et enplusenplus, que ça me conforte. Vous ne voyez pas ?
Vous ne voyez pas que votre absence affichée, assumée (vous ne devriez pas), de respect, d’empathie, d’un minimum vital de prise en compte de l’autre, vous a fait vous placer tout seuls comme des grands du côté des méchants ? Que vous vous transformez à nos yeux en regs ??? Et qu’on ne trouve plus pire image ?
Là encore, quand je dis ‘vous’, j’englobe plusieurs personnes que j’ai mise, en conscience (toute seule comme une grande, tiens, moi aussi, avec ma boussole-morale dont personne n’est équipé en terres de Mortalité, bordel), dans la case des regs. Ruaud, Estelle, Colin, au podium, entre autres.
Désolée mais. Je ne peux pas partager ma loyauté (morale boussolesque @Frontier).
Ce qu’il y a, donc, et ça me fait mal de vous le dire à vous plutôt qu’à elle, c’est que Léa a changé ma vie.
Voilà.
Donc je ne suis plus neutre. Donc je ne suis plus, lors, dans un simple mouvement de consommation de livres. Donc je ne peux plus me contenter de pleurer encore et encore la fin de l’Oxy. Donc, à un moment, je ne peux pas me satisfaire, si je comprends bien ce que j’ai lu et relu dans ses livres à elle, d’adhérer à ce point au message sans jamais l’appliquer.
Plus possible.
A un moment, on bascule, on chute, volontairement, et on veut appliquer IRL le message littéraire. Ce n’est même pas qu’on veut appliquer, en fait, c’est surtout qu’on ne peut plus fermer les yeux, c’est plus possible, ça marche plus, les paupières arrachées, nous voilà en train d’halluciner sur la souffrance du monde, l’aveuglement collectif consenti et tellement fructifiant, nous voilà vertigineuses en train de faire des putains de connexions et de trips toutélié, nous voilà nauséeuses, ulcérées, et ne supportant absolument plus la station assise.
Nous voilà, pour ne parler que d’Hélène et de moi, par exemple (il y en a d’autres), elle à se fixer ardemment sur le combat des sans-papiers, sur les Roms expulsés par camps entiers, sur les chevaux tués par épuisement (et je ne parle que de cette semaine dans son cas – oui j’ai l’air d’exagérer même quand je n’exagère rien, mais je suis fan de LS, hein, bien sûr), moi à batailler rageusement contre le racisme ordinaire omniprésent dans mon entourage, contre les mille préjugés et mises à l’écart, voire maltraitances, que subissent les gosses que je croise, contre les machos au petit pied qui ont domination absolue dans les têtes, et je m’arrête avant de partir sur la Palestine – car le seul, le seul qui m’aie filé le courage en définitive pour sauter le pas est un personnage nommé Fallen, voilà, et personne d’autre – même pas Mamier C., pas autant, et pourtant.
Et je me fous bien, dans ces conditions, d’aller ergoter sur des forums ou des ligues (pas potaches, non. Plus grave) pour défendre ou invalider des egos, d’aller me compromettre dans ce milieu micro-cosmique, peut-être, mais bien cafardeux, qui me paraît si puant et nombriliste. J’ai du mal à trouver du temps pour faire les choses (c’est vrai, là j’en prends parce que je sais pas, la Lune, peut-être, ou le mode Sisyphe qui ne s’est pas arrêté de la semaine).
Et j’ai arrêté le seul forum où je me plaisais, d’ailleurs. Donc bon. je vais abréger. (Essayer de. Je vous rappelle que, tout ça).
Ce qu’il y a, en conclusion, et peut-être tout ce que j’aurais dû vous dire, c’est que vous, vous vous en foutez mais pour moi – pour nous -, la morale et l’éthique, ça compte.
La loyauté, la fidélité, la constance, putain ce que ça compte.
Ce qu’il y a c’est que nous essayons d’être des fay. Des Nishven. Pas nombreux peut-être (comment dire… Cinq mille à Dorcha, cinq à As-Coron ? ça peut passer par des phases comme ça). Pas flambants. Et on n’y arrive pas toujours, loin de là.
Mais on essaie.
Et on n’est pas des regs.
Cette norme-là, non. NON. On ne pourra plus, je crois. On ne veut pas (plus) être contaminées par ce désenchantement, dont parlait Hélène, auquel vous avez participé. On est parties bien loin du confortable cynisme. On a trouvé des bouquins qui nous ont sorties de la caverne, éblouies, au sens propre et au sens crade, et jetées sur la route, en quelque sorte. En marche. Comme on peut.
Vous comprenez, on cherche Frontier, nous.
Et c’est pas une blague. C’est notre vie de tous les jours, notre utopie légitimée, notre anormalité absoute, ce sont nos combats militants, nos engueulades en famille, nos prurits au boulot. (Manichéen ? Oui. Aucun problème. Je n’en suis plus là. J’en suis à parler aux arbres, alors vous savez.)
Et grâce à des gens comme vous, comme Ruaud, comme Estelle, comme d’autres, et ben Frontier s’éloigne. S’effiloche, se dissout.
Vous imaginez-vous ce que nous pouvons ressentir ?
Entendez-vous l’écho de tristesse colérique en nous, du mal qui a été fait à cette auteure ? Et par conséquent (mais même sans ça, du reste) à ce qu’elle faisait pousser ?
Voyez-vous, maintenant, un tant soit peu, le rapport-à-la-morale-dans-tout-ça ?
Voyez-vous que cette oeuvre que je ne compare à aucune autre, ce labyrinthe in progress, ce rêve en marche, oui, j’insiste sur cette formule dans tous ses directions, nous on y a cru, combien ça nous motive, ça nous éclaire, ça nous propulse ? Et à quel point j’ai l’impression totale que vous avez fait obstacle à ça, et grandement ?
Merde, si ça ne vous vexe pas à mort que je vous traite de reg… N’vey, tiens.
Voilà. Voilà le point nodal, moral, que nous nous posions donc – tenter (ou pas) de vous (re)lire sereinement (ou pas), dans les Oxy ou ailleurs, en arrivant à ne pas penser aux rêves broyés, à l’utopie de Frontier dans les limbes. Boycotter, pour certains, intégralement les Moutons. Couper tout lien avec Le Calepin Jaune (dont pourtant j’étais copine avec la maîtresse des lieux, un peu). Chercher la cohérence, pas la compromission. Ne pas oublier, parce que trahir ce n’est que ça : oublier.
Je pense que j’ai battu le record de la tartine floodesque sur Psyché in Hell ;)
…Hélène, tu as un droit de floodance illimité et éternel sur ma Clef, c’est officiel ^^(et quelle que soit sa future peau !)
(PS. C’est salement long et désordonné, hein. Un cri pour rien à une heure du matin. On prend de ces sales habitudes, à zoner en terres Unseelie…)
(PS2. Hel… Je devine peut-être un peu ce que tu as envie de me dire, ce que moi je me répète depuis trois jours en tout cas. Que je ne devrais pas ouvrir mon cœur comme ça. Les perles, les cochons, et tout. Qu’ils vont encore ricaner, que ça ne la met pas à l’abri, qu’on devrait être au-dessus de ça. Que ça, la vérité, cette vérité-là, c’est pour nous. Pas dehors. Je sais bien. Je me freine. Mais… tu sais aussi… je suis comme ça, toujours trop perso et trop longue, et puis, bon, au point obscur où on en est… N’vey. :)
Tu peux modérer mon message si tu veux, je te fais complètement confiance, c’est toi la raisonnable, moi là je suis enflammée pour le reste de la nuit, ça y est c’est perdu pour moi ^)
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@Fa : « Nous », oui, intégralement. :-)
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Peut-on continuer de suivre le travail d’artistes qui nous ont déçu humainement? Faire la différence entre l’oeuvre et l’homme? Je vais dire que dans la majorité des cas, c’est pas compliqué : pour moi c’est niet. Boycotte totale. Je peux juste pas faire autrement. Et je suis bien consciente que je rate surement des choses. Et pour parler de façon générale je ne prétend pas tout comprendre à la façon dont on est foutus, nous les humains. Je ne comprends juste pas qu’on puisse être incohérent et en totale dissociation avec soit même. Alors si à l’avenir je relisais cette anthologie, je choisirais surement de faire l’impasse sur la nouvelle de Colin, à tord ou à raison… Et je le dis, c’est vraiment dommage. C’est comme une petite perte quand on est ce genre de lecteur qui prend à coeur ce qu’il lit (il en existe d’autres?). C’est peut-être ce qui explique la vivacité des réactions, d’ailleurs.
On a cité Léa, il y en a d’autres. Ces autres qu’on entend plus, qu’on ne peut plus lire parceque à un moment donné y a eu ras-le-bol de tout ça. Et c’est là que va ma colère, aussi, à ces pertes là.
Je ne peux pas le dire mieux que Hélène ou Petitefa, cette peine d’avoir perdu les endroits où j’aimais aller, perdu Frontier (même si pas dans mon coeur), parceque à un moment donné des personnes incohérentes (et c’est tout ce que je m’autorise à dire car je ne les connais pas) ont pensé que les dommages colatéraux de ce qu’elles avaient participé à mettre en place étaient acceptables au nom de la liberté d’expression.
Loin de moi l’envie de remuer tout ça et puis, après tout, on m’a pas demandé mon avis. Mais le fait est que cette belle chronique, de ce bien bel ouvrage, et les commentaires qui ont suivit, ont remué quelque chose dans mon coeur de lectrice et plus encore. Parceque à un moment donné, ce qu’on a pu expérimenter à travers certains textes et au contact de certaines personnes, va bien au delà. Mais non, je ne saurais le dire mieux que Nienn’.
Je serais juste fière d’être intégrée à ce « nous » de « petitefa ». Même si je n’ai probablement pas le courage et l’endurance dans la lutte qu’ont ces deux nanas là, chacun des mots qui ont été dits emporte mon adhésion. Totale.
Cet ouvrage fait partie de mes petits refuges, comme beaucoup des éditions de l’Oxymore d’ailleurs, j’y reviendrais peut-être bientôt. Ne serait-ce que pour le conte de Storm Constantine, vraiment magnifique et dont je garde une forte impression, et pour me remémorer les autres qui de mémoire étaient très bons.
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Hey Anne :)
Ben tu sais que tu es en terres amicales, ici, hein, tu parles selon ton coeur comme tu le sens, qu’on t’ait ou pas demandé d’avis – surtout si le ‘on’ demandeur d’explications a débarqué comme ça par la grâce (probablement) des alertes google ;)
Et oui, les ouvrages de l’Oxy, c’est bon d’y revenir, comme de reposer le pied sur une terre aimée ! Je les sors pas mal des étagères ces temps-ci, tant qu’à être coincée dans ma piaule pour un bout de temps (me suis encore offert le vertigineux plaisir de replonger dans Enterrer l’Ombre, et j’en couve quelques autres du regard, encore ^^)
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@petitefa : on ne se connait pas, et tu ne comprendras jamais vraiment pourquoi je te dis ça, mais : merci pour cette tartine. Putain, merci.
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Ben maintenant on se connaît ;) …ça me va de ne pas vraiment comprendre, même si je crois saisir un peu, partiellement – je viens de relire nos tartines du coup, ainsi que la réponse d’Anne (hey hey), et, bon, ça m’a fait du bien, vraiment, de sortir tout ça, et je suis vraiment contente si ça fait écho, si d’autres se reconnaissent dans mon énervitude. A bientôt de se recroiser sur les terres d’eau et de feu de PsycheInHell :)
@Hel(l) (pinaise je viens de comprendre !! :o) ) : ah, Enterrer l’Ombre… Quel souvenir incroyable, fantastique, prenant, quelles toiles de maître il y a là-dedans :)))
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[…] “Il était une fée” chez l’Oxymore, que beaucoup ici connaissent bien, et dont Psyché avait si bien parlé dans une chro restée célèbre pour ses crocs et accrocs – j’eusse préféré, dear, que la célébrité […]
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Bon sang… c’est encore une de ces étranges heures ou l’une des auteures impliquée dans ce débat découvre les faits… après la guerre.
Je remercie la maîtresse des lieux de m’avoir fait un petit topo sur cette affaire, dont j’avais littéralement tout manqué.
Je ressens un sentiment assez confus de malaise-très-désolé en découvrant que certains lecteurs bataillaient âprement sur cette barricade tandis que je prenais mes jolies vacances / ma cure de désintoxication aux métaux lourds du milieu / la joie qu’il peut y avoir I(the)RL loin de ces intensives séances d’onanismes auxquelles se livrent les acteurs d’un cénacle en pleine décomposition.
Ne serait-il pas gravement temps, les gars, de sortir des « communautés (SF typiquement 70’ardes » et d’arrêter de reluquer et/ou cracher dans l’assiette du voisin ? De se contenter de faire (correctement) son taf de son côté, en somme ? Cela nous changerait !
J’ai manqué, tout autant, cette histoire de « Ligue de l’Imaginaire », et ne jugerai pas de la « prétention » que lui prêtent les irrités. Ce genre de Clubs, il est de règle que tous ceux qui n’y ont pas été invités en fassent de la chair à quolibets. C’est assez pathétique, d’ailleurs, ce complexe de Carabosse.
Je n’y avais pas été conviée non plus, notez ;-) Mais je n’ai aucun souci à me dire : « ah, tiens, chouette » lorsque quelqu’un, à sa façon, essaye de promouvoir ces « mauvais genre » que j’aime; sans pour autant vouloir les monopoliser, ou parer d’un imprimatur.
Toute initiative ou soutien est bon à prendre, du fond de la gare où l’on cantonne nos littératures de genre, amha. Cela ne fait peut-être pas grand bien, mais je doute que cela puisse faire du mal. Alors… WTF?
On m’a signalé, sans doute avec justesse, que le défaut de cette première ligue avait été, sans doute, de ne pas avoir été « adoubée » par certains petits-chefs auto-proclamés du milieu.
C’est une hypothèse qui a du mal a tomber loin de l’arbre, sachant que certains projets tout autant ou bien davantage « prétentieux » de ces mêmes messieurs furent reçus avec les « oh bravo, magnifique, patron ! » de la foule en (obligatoire) liesse. Le péché d’envie a encore de beaux jours devant lui, et cette étrange volonté d’établir un monopole sur toute cette (pourtant mini) niche.
Je doute d’autant moins de cette hypothèse de « l’adoubement » que mon refus de publier chez ces mêmes personnes (ou un « refus supposé » de ma part, dont je leur laisse l’étrange et contestable jouissance) a présidé à haine revancharde qu’ils me vouent depuis des lustres.
On m’a souvent reproché (et récemment encore) de ne « pas jouer le jeu ». A ma décharge, je ne joue à aucun jeu : même au Monopoly, je m’endors.
Je ne vois dans notre petit monde littéraire, d’ailleurs, aucun jeu qui vaille qu’on le joue. Certains, même si cette idée défrise les Machiavels en culotte courte, veulent juste « faire leurs bouquins » (comme ils l’entendent, simplement) sans ne rien devoir à personne, ni réclamer le retour de faveurs qu’ils ont de leur côté distribuées amplement, puisque jamais ils ne les ont envisagées ainsi : comme une « faveur », comme une monnaie.
Ce que l’on dit sur moi… j’ai le défaut de m’en taper lestement. Je suppose que le fait que cette scène de grand-guignol se soit déroulée « loin des yeux, loin du coeur », en ce qui me concerne plaide aussi en ma défaveur (bordel, quel mépris !). Mais, en revanche… que faute de ne pouvoir écharper « l’auteure qui s’est barrée vers de meilleurs horizons », on s’en prenne à ses lecteurs… ça, c’est vraiment lamentable.
Une tactique de merdeux.
Je ne regrette pas de n’avoir pas été présente pour « me » défendre. Je ne l’aurais pas fait, car concrètement… bof. Mais je déplore de n’avoir pas dégainé la hache pour vous défendre vous, au moins. Sur ce plan, j’ai carrément honte de l’indifférence dont j’ai fait montre. Je n’aurais jamais pensé (car je suis si « naïve », comme me l’a répété des années durant le dernier éditeur à m’avoir entub…) que ces vieux singes seraient assez lamentables pour attaquer, par défaut, « mon public ».
Pour le reste, je constate que ces lecteurs (dont certains éditeurs, tout en les prenant pour des moutons bons à tondre pour du cash, se payaient régulièrement la gueule — vous faites bien de les boycotter, sérieusement, rien qu’à ce titre !) sont un peu trop perceptifs et pertinents pour le bien des trolls.
Derrière des attaques publiques, il y a généralement en effet un binz personnel.
Amusant qu’un des joyeux drilles artisan de cette merdasse soit un « vieil ami » qui n’a commencé à perpétrer cette faute morale qu’à partir du moment où j’ai souhaité mettre fin à nos échanges privés.
Derrière les 3/4 de ces pétards mouillés qu’aiment à aligner les plus merdeux de notre belle famille, pour mieux palucher la franche la plus ricaneuse du public, il n’y a que cela, en somme : on insulte en public ceux qui ne souhaitent plus recevoir nos « I love you » en privé.
Amusant.
Pathétique.
Vive la SFF. (et vive « les gens », en général).
Je confesse mon plus grand péché : j’ai toujours accordé plus de prix à l’avis des lecteurs qu’à « l’adoubement » d’élites auto-proclamées. J’ai toujours préféré, oui, échanger directement avec les lecteurs qu »avec éditeurs, autres auteurs, et acteurs grands ou petits du milieu.
Et comme vous et moi nous parlons à présent ainsi depuis quelques décennies, vous savez à quel point je suis souvent chiennasse, pas diplomate pour deux ronds, et ne vous ai jamais léché les bottes ni pour de l’amour, ni pour du fric (au grand dam de d’un certain éditeur pré-cité, d’ailleurs).
Ce que certains ici ont proclamé pour eux-mêmes, concernant Frontier, je le salue, avec une petite précision pas-si-accessoire : si vous avez aimé ces satanés Fays c’est que Frontier était déjà en vous. Je ne crois pas avoir rien inventé de si nouveau. Juste synthétisé une partie de ma vilaine petite nature.
Je reste convaincue que les lecteurs ne sont pas des ovins : on ne leur vend pas nos rêves, on se retrouve simplement dans une vision utopique qui nous est commune.
Je regrette que ceux qui me reprochent et/ou m’envient un supposé rôle de « gourou » méprisent autant les lecteurs / citoyens dans leur ensemble. Mais ils n’ont pas une once de véritable utopie, de conviction, d’engagement et d’idéalisme en eux, that’s it. Mes univers les ont refoulés à la frontière. ;)
Je garde ce (sans doute crétin, oui) idéalisme, et leur abandonne intégralement l’auge à cochon où ils alignent leurs punchlines pour se donner la vague impression d’exister.
On ne peut pas rester un « Petit Prince » à la con toute sa vie, cher ex vieil ami qui vint ci pleurnicher. Et se servir de ce masque pour caresser le blogueur, jouer les Caliméros et penser désamorcer ainsi le mépris et la colère… cela n’a qu’un temps.
Je regrette de devoir formuler cette évidence, mais… user de séduction pour éviter de prendre les claques qu’on n’a pas volées, c’est un truc de filfille. Temps de grandir, Peter ? (et non : je ne te répondrai toujours pas en privé. Merci mais non merci.)
Hélène, Anne, Fa (oui, toi aussi, même si tu sais à quel point je ne suis pas diplomate avec mes lecteurs)… you ROCK.
Je comprends que certains autres me jalousent « mes » lecteurs avec tant d’acidité ;-)
Je vous claque la bise, girls.
Les autres, ailleurs, vous devinez ce que je vous claque : après la porte, le museau. C’est grâce à vous, et au niveau de gosses mal poussés que vous affichez inlassablement, que la niche SF Franco reste cantonnée à la gare où l’a de longue date reléguée. Nous le méritons peut-être, qui sait ? En ce qui vous concerne… je n’entretiens aucun doute sur ce verdict.
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Un salut, m’lady ! à toi, et aux grands airs marins qui se respirent loin de ces espaces qu’empuantit l’haleine des trolls…
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