Commodore
Assorti de la nouvelle Dolores
Artbook
Auteurs/artistes : Jérôme Sevrette, Danielle Robert-Guédon
Editeur : SWARM Records
Année : juillet 2008
Photographie de couverture : Jérôme Sevrette
Présentation technique
24 photographies de Jérôme Sevrette
Dolores, une nouvelle inédite de Danielle Robert-Guédon
60 pages
Texte en français, traduit en anglais par Eric Tessier et Michelle Scatton-Tessier
Edition limitée à 200 exemplaires numérotés et signés par l’auteur
Pour son premier livre publié, Jérôme Sevrette, photographe de talent et grand explorateur du noir & blanc, a choisi la voie de la collaboration artistique, en invitant Danielle Robert-Guédon à accompagner d’un récit la série photographique « Commodore ».
Le dialogue qui s’engage entre le texte et l’image est étrange : il n’y a pas d’illustration. Ni du récit par les photographies, ni de la photographie par le texte. Autour d’un même lieu, un hôtel (ou serait-ce un vaisseau « maintenant à quai », ainsi que le présentait Jérôme Sevrette sur son site ?), se brodent deux histoires, deux variations, sur un fond noir pour les images, et un fond blanc pour la nouvelle : le texte de Danielle Robert-Guédon raconte l’invasion de ces lieux historiques par un groupe de jeunes, les photos de Jérôme Sevrette donnent à ressentir l’atmosphère de l’endroit. Et pourtant, ces oeuvres s’interpénètrent, se réinterprètent mutuellement, et se rejoignent dans un espace commun, aux frontières troubles : sous chaque page de photographie figurent des bouts de phrase extraits de la nouvelle, mystérieux, centrés autour de la vieille Dolores – manifestations d’une voix dont les silences semblent également palpables, tout comme les zones d’obscurité dans les clichés.
Intérieur ombres, extérieur nombre : Dolores est un récit vivant, peuplé de nombreux personnages. Il y a une histoire, il y a des faits, il y a des noms et des repères. Les photographies de Commodore sont hantées : un hôtel aux allures de vaisseau-fantôme, une femme à la présence de spectre, évanescente et obsédante, les ombres qui habitent son intérieur. Vous ne savez rien : vous voyez, vous ressentez, vous imaginez. Vous avez l’impression d’errer en rêve, ou dans un étrange film expérimental. Vous suivez une invisible et son regard, la voix off d’une désincarnée qui ne semble exister que dans l’espace incertain de ses propres souvenirs, et dans son rapport suggéré aux objets… Objets qui, eux, paraissent tirer de la part essentielle du noir dans les photos leur âme, ou un souffle de vie des espaces lumineux infiltrés depuis l’extérieur…
Dans les oeuvres de Jérôme Sevrette, la photographie est ainsi devenue comme un oeil de l’imagination. Elle s’empare du réel, remplace la matière par des ombres, suggère une impression dans les contrastes et les nuances de lumière. Le voile est mince, mais l’on est bien transporté dans une dimension autre, inspirante et magnifique…
Et j’en ai, sans doute, déjà trop dit. J’aurais, peut-être, dû n’en rien dire, ne pas projeter mes lumières (artificielles) sur les ombres de cet hôtel, ne pas faire résonner ma voix de touriste et d’étrangère dans les pièces silencieuses, ne pas chercher de prise sur l’immatériel… Alors, tandis que vous vous retirerez (sur la pointe des pieds, s’il vous plaît), je vais rester encore un peu, reculer dans la pénombre, me fondre dans les profondeurs du noir, et ses mystères.
Le Fil d’Ariane
- Le site de Jérôme Sevrette, ainsi que le post de présentation (sur Myspace) de Commodore
- Le site des éditions SWARM Records
- Une interview toute récente par Kamido : Tu (artiste avec lequel Jérôme Sevrette a déjà travaillé en collaboration, comme on peut le voir, par exemple, ici et là)
- Autre media, autre alchimie : certaines photographies de Jérôme Sevrette, notamment tirées de la série « Commodore », ont été intégrées dans les très étranges visions du film Ypsilon, conjuguées à la musique du groupe Sator Absentia : trailer en ligne sur la page myspace du film et du groupe
Il me le faut! A l’époque de la souscri j’avais pu de sous mais maintenant, il me le faut!
J’adore le travail de Jérome Sevrette.
Très belle évocation du livre Hélène!
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Merci pour cette chronique. Je vais mettre un lien en dessous de l’interview de Jérôme.
Ian
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[…] Une chronique du livre Commodore https://psycheinhell.wordpress.com/2008/09/04/commodore/ […]
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