Fovéa
Leçons de Gravité dans un Palais des Glaces
(Error_type vol. I)
Recueil
Auteur : Léa Silhol
Editeur : Le Calepin Jaune
Collection : Hors Collection
Année : 2008
Illustration de couverture : PFR
Illustrations et photographies intérieures (n&b) : Léa Silhol, Mad Youri, PFR, Estelle Valls de Gomis
Maquette : Greg & Léa Silhol pour Nitchevo
Autre édition : édition collector, toujours au Calepin Jaune. Couverture alternative, illustrations & photographies en couleurs
Quatrième de couverture :
C’est le moment où le pas bronche.
La chute, le whirl, le vertigo.
A trop voir, à ne pas assez (sa)voir.
Ils tombent.
Les Anges, les Ouvreurs, les assassins.
Les vivants et les morts. Les saints et les maudits.
Tombent.
Comme Satan, comme l’éclair… (ah)
C’est un problème de perception. De supplément d’âme.
C’est un phonème de distorsion. C’est un aria, un rap, le buzz de l’alarme.
C’est un mixdown, une restructuration, un bris.
Remix, long-dub, familiarité, altérité. Dessus dessous, de l’ordre au désordre.
(on prend tout, on casse tout, on scratche, on recommence)
En français, en anglais, citations, chasse à courre, codes.
C’est dans la rétine. C’est dans ma rétine.
La tache, le distinguo, le noise.
C’était là tout le temps.
(do you follow me ?)
This is the shape of things to come.
(do you follow me ?)
This is the new shit.
(on va tout casser. on va tout refaire //
On va jouer les derviches au carrefour)
Ca commence.
Maintenant.
F = Fo
Te véa.
Fovea, nouveau recueil de Lea Silhol (réalisé, dans un esprit de crossover, en collaboration avec les artistes Mad Youri, PFR et Estelle Valls de Gomis, ainsi qu’avec Nitchevo Agency) et premier volet du binôme Error_Type, est un étourdissant challenge. Challenge pour l’auteure qui abat nombre de frontières (littéraires, artistiques, linguistiques, humaines…) tout en descendant au fond du gouffre, au coeur des vérités qui font mal/font grandir ; challenge pour le lecteur qui se voit convié à un terrible et prenant jeu de décryptage… et challenge, aussi, en quelque sorte, pour les « babblers » qui voudraient évoquer l’expérience Fo/ et se retrouvent, comme moi, sans mots devant un écran blanc, à se mordre la langue en se demandant s’il ne faudrait pas imaginer d’autres formes de commentaires pour parler de FO/VEA sans spoiler, sans limiter, sans tomber à côté de cette expérience qui se vit plus qu’elle ne se lit, se ressent plus qu’elle ne se laisse dire, et surtout, surtout, sans trahir l’esprit de cet extraordinaire projet.
Dont avertissement…
CECI N’EST PAS UNE CRITIQUE DE LIVRE.
(stop wasting your time here and go read the book)
I will make you crawl
Extraits du carnet de lecture « The Fo/ Experience », 27/02 – …
« Fo/ is coming. Checké le courrier : rien. La tension monte. (…) Toujours rien. Obsédée par le paquet en route. (…) Colis sur le lit, je fais traîner – vaincue d’avance. J’ouvre… souffle coupé. Tout disparaît devant the wonder. (…) Nin en musique ? check. Provisions de café ? check. Carnet-stylo ? check. [!,;:!:;ç_è-( »ç$* /brouillage anti-spoiler/ ? check. Parée pour la chute… [« Parée » ? Tsss, pauvre naïve.]
Oh – my – gods. [Silence] Ouch, en plein dans l’oeil. Va falloir se mettre à la page. OH. C’est juste magnifique. Arg, fausse piste *going crazy* Hey, où est passé mon dico de … ? Wow, c’est énorme ! Cette photo, je pourrai passer des heures à la contempler. Ooh, well done… Wait a minute, que j’aille chercher le *ù^¤_-« ;&! Gasp. La tension dans ce texte… incroyable. Yihaaa, j’ai trouvé ! Aha, et je fais quoi, là ? [Choc.] Oh, mince ! Modulo 10 : wtf ??? Naaan, quand même pas ? Ah tiens, si. Aich, touché. [Griffonnage frénétique.] Wow. Ah, terrible ! Tant à lire, à voir, à déchiffrer : c’est génial ! *gone wild* Pfiou, fini la transcription de … Oh bon sang, mais alors ça veut dire que… Aaah, I see…
…
I see. »
I will make you hurt
Nous voilà donc à explorer les allées labyrinthiques de ce superbe Palais des Glaces qu’est Fovea, à la recherche non de la sortie mais du centre – parce qu’on ne veut pas en sortir, de Fo/, on veut trouver les clés, ouvrir le coeur et y habiter. Alors on se coupe aux échardes, aux éclats de miroirs, aux rasoirs affutés ; on guette les échos en essayant d’identifier les voix moqueuses ou douloureuses, on observe, du coin de l’oeil ou bien en face, les nombreux reflets que nous renvoient, que se renvoient entre eux, les textes-miroirs ; on s’équipe de décodeurs, on avance doucement à la recherche d’indices, de clés pour comprendre les mots, les codes, les couleurs – saisissant parfois, fébrilement, un fil d’Ariane, avant de constater dans un grand éclat de rire qu’il nous mène à une nouvelle pelote de fils à débrouiller, un nouveau carrefour d’où partent tant de pistes que le vertige nous saisit en réalisant l’étendue des domaines que ce livre recouvre sans distinctions de frontières, et la portée de ce qui est en jeu ici.
Et alors qu’on s’est arrêté, captif d’une superbe vision ou souffle coupé par une tournure percutante, une voix fovéenne s’en vient murmurer à l’oreille : « Le Monde est un brouilleur de codes », et l’on est poussé droit au fond du gouffre. Car si Fovea est un labyrinthe, avec ses tours, ses détours et sa structure complexe, c’est aussi, verticalement, un à-pic ; et plonger de là, c’est retrouver dans leur chute les anges que notre monde concerne et passionne plus que le leur, les êtres prêts à aller jusqu’au bout et jusqu’au fond, les hommes qui savent pour en avoir (trop) fait l’expérience le goût du sang et le choc du crash. Au fond, tout au fond, Lea Silhol a accroché ses miroirs pour confronter le lecteur à ces vérités que l’instinct de survie nous commande d’ordinaire de ne pas voir, aux blessures profondes de l’humanité. Car dans les pages de Fovea résonnent les bruits du monde, et surtout les voix des hommes qui par tous les moyens appellent, se cherchent et trop souvent… se manquent – et ces cris, on les sent vibrer au plus profond de soi, tandis que l’on percute en serrant les dents, yeux grand ouverts, toutes les erreurs de perception et de communication qui font la faille des rapports humains. En playlist ou en tags, en drame d’aéroport ou par le biais d’un conte intériorisé comme rarement conte le fut, Lea Silhol évoque et fait vivre les oscillations entre la peur et la foi, du besoin à la fuite et inversement. Et amène à s’interroger sur la manière dont chacun perçoit le monde et se perçoit dans ce monde : dans l’enracinement ou le tournoiement, l’engagement ou l’indifférence, le tracé de scalpel ou le clac d’objectif photo. Et au-delà de l’interrogation, dévoile une autre vision possible, devenue d’emblée obsédante, de la réalité. Leçon de vertige, leçon de gravité : à travers la rapide descente qu’est Fo/vea, l’auteure amène son lecteur à une compréhension fulgurante de la chute… tout en l’invitant à rire des bleus, et de Dieu.
Voici donc Fovea, en croquis bref et imparfait : impossible à résumer comme toutes les vraies oeuvres d’art, impossible à délimiter comme la vie elle-même. Les poèmes, les cris, les éclats, les échos, les illus, les photos. La musique, l’anglais, les codes, les traques, les chocs. La logique, les twists, les brouillages, la & l’in-communication. Le jeu avec le feu, le sang et le rire, l’ironie et la folie ; la danse au bord du gouffre, le défi du fond du gouffre.
L’exploration infinie du labyrinthe. /j’y suis, et j’y reste/
La chute. /on tombe, et on se relève changé/
Une expérience extraordinaire – et cela ne fait que commencer…
Le Fil d’Ariane :
• L’atelier consacré aux recueils Error_Type : une fenêtre ouverte sur le travail de Léa Silhol, pour suivre, en notes, liens et phénotype, le processus de création et de publication.
• Les crossovers : Nitchevo Prod. a réalisé un montage video qui donne un aperçu assez hallucinant du travail accompli autour de la maquette de Fovéa. Autre surprise qui a accompagné la venue de Fovea, le groupe Done by Mirrors a (superbement) mis en musique la quatrième de couverture. Enjoy !
Cartographie :
MirrorMaze – Tanka-coma – Macula Lutéa – L’Etoile, au Matin – The Cat & the Choker – Blind Code – Assassin (Comme un Reflet dans une Eau Morte) – G. – Lucifer Opiomane – Never – Don’t – A Lost Song – Bubblegum Butterflies – Why ? – Bloodflowers – Kay – Father Lucifer – Vertigo Eyes – Gone Fading Everything – Mille Ans de Servitude – Tous des Anges – La Faille Céleste
Je suis en plein dedans…
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Eh bien eh bien ! quelle critique élogieuse. Comment ne pas se laisser tenter après ça ! La seconde édition ne devrait plus tarder.
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Franchement… ce n’est pas une « critique » (en plus je déteste ce terme) ni vraiment de l’éloge. Juste une impression de « lecture » sur une oeuvre dans laquelle je suis complétement absorbée depuis maintenant presque un mois…
Et oui, laisse-toi tenter ! La réimpression était attendue pour cette semaine, si ça se trouve les nouveaux « Fovea » sont déjà en route vers leurs futurs lecteurs… ^_^
@martlet : surtout… n’en ressors pas ! :D
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Oups ! j’ai fait une bourde. En plus tu as bien noté que ce n’était pas une critique. toutes mes excuses. A mes yeux une critique n’est pas que négative. Bon bref, je me suis mal exprimée. Je m’en vais commander Fovéa. Bon week-end.
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Hey, pas de souci : y a zéro « bourde » :) Je voulais juste préciser un peu les choses, vu que pour moi le terme critique (qu’elle soit positive ou négative) implique une mise à distance et comme un jugement, alors qu’avec le rapport très empathe que j’ai avec les oeuvres, je suis plus dans l’immersion et l’impression. Raison pour laquelle je n’aime jamais parler de « critique » à propos d’une lecture… C’est pas bien grave, tu es juste tombée pile sur une de mes maniaqueries terminologiques :D
Bonne lecture, donc, et bon week-end à toi aussi !
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[…] touchée en plein coeur, et renvoyée droit sur ce point de chute où m’avait laissée Fo/vea, sous l’impact de textes comme “G.” & “Kay”, ou […]
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[…] en nous accueillant dans l’ancienne demeure familiale, ainsi que des échos de l’ovni Fovéa) qui convergent soudain les uns vers les autres en une danse complexe et passionnante, à ne […]
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